A la découverte des Provinces maritimes et de la Gaspésie

Du 18 septembre au 8 octobre 2024, les Vignolants ont traversé l’Atlantique pour la quatrième fois. Vous trouverez ci-dessous quelques photos-souvenirs de ce magnifique périple ainsi qu’un compte-rendu fort détaillé.

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Quatrième voyage des Vignolants au Canada, du 18 septembre au 8 octobre 2024

Le groupe de 39 personnes comprenant des Vignolants et des ami-e-s de la Confrérie se retrouve, prêt au départ, en ce 18 septembre, à l’aéroport de Zurich-Kloten. Il part à la découverte de trois provinces de l’est du Québec : la Nouvelle-Ecosse, l’Ile-du-Prince-Edouard et le Nouveau-Brunswick qui bordent l’océan Atlantique, ainsi que de la Gaspésie qui se situe le long du fleuve Saint-Laurent.

Après une trop longue escale à Francfort, nous atterrissons à Halifax, tard dans la nuit. Nous sommes accueillis par Harry A. Goetschi, notre compagnon Vignolant, par notre guide accompagnateur et par notre chauffeur qui seront à notre disposition durant ces trois semaines.

Halifax, capitale de la Nouvelle-Ecosse, est une ville de 317’000 habitants. Elle est, à la fois le centre commercial, financier et éducatif des provinces maritimes et l’un des plus grands ports du monde qui accueille une base de la marine canadienne dans l’Atlantique.

Nous visiterons, notamment, le lieu historique de la Citadelle et un magnifique jardin public qui s’étend sur près de 7 hectares de zones boisées, de massifs de fleurs et de fontaines. En ce premier jour, nous déjeunerons dans le petit village de pêcheurs de Peggy’s Cove où se marient le ciel et la terre, au son incessant des vagues qui viennent se briser sur des récifs de granit. On se croirait en Bretagne. C’est tout près de là qu’un monument a été érigé à la mémoire des 229 victimes du crash du vol de Swissair, en 1998.

Un peu plus loin, Lunenburg est la colonie britannique la mieux conservée d’Amérique du Nord. C’est aussi un port qui régna en maître sur toutes les saisons de pêche de ce secteur, pendant 17 ans, grâce à la mythique goélette « Bluenose 1 ».

Le lendemain, nous poursuivons notre voyage dans la région de Grand-Pré où s’est déroulée la déportation des Acadiens, le long de la côte américaine et vers l’Europe. L’Acadie était occupée par des colons français mais les ambitions anglaises conduisent, rapidement, à de violents conflits. Finalement, les Français s’inclinent et cèdent la Nouvelle-Ecosse aux Anglais, en 1713. Pendant un certain temps, la paix s’installe mais, en 1755, ils refusent de prêter allégeance à la couronne britannique. Suspectés de sédition et de subversion, ils voient leurs terres confisquées. Plus de 10’000 d’entre eux sont déportés, hors de la Province, vers la France et vers la Louisiane où ils deviendront des « Cajuns ». C’est à Grand-Pré, un polder façonné par les Acadiens au XVIIe siècle, que se trouve la statue d’Evangéline (*), symbole mélancolique de la Grande Déportation.

Nous visitons ensuite le Domaine de Grand-Pré, situé au bord de l’Atlantique, propriété de la famille du fondateur, Hanspeter Stutz (voir aussi Vignolant 140 / juin 2023). Nous dégustons onze vins, blancs et rouges, et, notamment l’Acadie Blanc, cépage créé, à l’origine, en Ontario, qui est devenu, depuis les années 1980, un incontournable de la région. Il faut préciser que le climat y est rude : l’hiver, il peut geler à moins 35° ; la floraison a lieu à la fin du printemps et la vendange au début du mois de novembre.

Le samedi 21 septembre, nous remontons le temps jusqu’en 1744 en visitant la plus grande reconstitution d’une ville fortifiée française en Amérique : la forteresse de Louisbourg. Plus de cinquante bâtiments, fidèlement reconstruits, nous ouvrent leurs portes. Des personnages, en costumes d’époque, recréent l’atmosphère qui régnait au XVIIIe siècle. Construite en 1713 par les Français, la forteresse fut détruite par les Anglais, en 1760. Durant la visite, nous avons dégusté un menu d’époque.

Après cette plongée dans l’histoire de la colonisation du Québec qui reflète la confrontation entre l’Angleterre et la France, perdante dans toutes les batailles, nous avons pris, le lendemain, un « bain de nature » en empruntant la « Cabot Trail ». Cette route spectaculaire, longue de 300 km, ceinture Le Cap-Breton jusqu’à la pointe de l’île. Elle pénètre dans des paysages préservés du Parc national où alternent vallées verdoyantes, falaises, pics rocailleux et côtes rocheuses battues par les vagues.

En fin de journée, nous visitons la résidence d’été d’Alexander Graham Bell, inventeur, entre autres, du téléphone. Outre des modèles primitifs de téléphones, on découvre aussi des appareils acoustiques et d’étranges machines à produire de l’eau potable à partir de l’haleine, du brouillard ou de l’eau de mer et divers travaux dans le domaine de l’aéronautique telle la reproduction d’un aéroglisseur propulsé par deux moteurs d’avion qui a atteint la vitesse de 112 km/h, en 1919, sur le lac du Bras d’Or.

Le lundi 23 septembre, nous quittons le continent à Caribou. Nous prenons un ferry pour traverser le détroit de Northumberland jusqu’à Wood Islands, sur l’île du Prince-Edouard : durée, environ 75 minutes. En quittant le port, nous nous dirigeons vers la capitale Charlottetown. Nous constatons que le paysage change de celui des jours précédents. L’île, surnommée le « Jardin du Golfe », est cultivée sur plus des trois quarts de sa superficie. La pomme de terre – délicieuse – y règne en maître.

Le lendemain matin, après avoir visité le centre-ville, nous nous dirigeons vers Sommerside où nous sommes conviés à une rencontre avec les Acadiens de la région. Ceux-ci vivent en communauté qui possèdent leur école et leur église. Mais ils entretiennent de bonnes relations avec les habitants des villages voisins.

Avant le déjeuner-buffet authentiquement acadiens, on échange sur l’histoire et la vie des Acadiens, sur leur fuite et leur retour après un siècle d’absence, sur Evangéline…

Deux artistes acadiens ont animé le repas à base de pommes de terre, avec des airs traditionnels. Nous avons vécu un moment festif très apprécié avec de la musique et de la danse.

Le retour vers la capitale nous a permis de traverser le Parc national et de découvrir les cultures de céréales, de maïs, de bleuets, de fraises et de tabac ainsi que l’élevage du bétail. La pêche au homard et l’ostréiculture, tout au long des 800 km de côtes, conservent un rôle important.

Le mercredi 25 septembre, nous quittons l’île pour rejoindre le Nouveau-Brunswick en empruntant le pont de 13 km ouvert à la circulation en 1997. C’est le long pont surplombant des eaux prises par les glaces. Le pont de la Confédération. Nous prenons la direction Hopewell Cape où l’érosion des glaciers combinée à celle des marées les plus hautes et les plus fortes du monde a sculpté de véritables « pots de fleurs » en grès : un spectacle unique !

Dans l’après-midi, nous avons participé à une dégustation au Vignoble « Magnetic Hill », à Moncton, chez un tout jeune vigneron. Il nous a servi des vins, blancs et rouges « traditionnels », un vin de glace avec, en plus, des vins de fruits de la région assez inattendus. Avant de s’installer, il est venu travailler en Allemagne et en France, notamment.

Le jeudi 26 septembre a été une journée un peu plus calme. A Shédiac, nous avons vécu une expérience particulière pendant un déjeuner-croisière dans le détroit de Northumberland : pêche simulée d’un homard suivie d’une information sur l’animal et sur la façon de le décortiquer pour le manger et puis, dégustation.

Le lendemain, départ matinal pour la péninsule acadienne. A l’entrée en Gaspésie québécoise, nous visitons le site historique de la Bataille-de-la-Ristigouche qui permet de revivre l’ultime affrontement, perdu par la France, contre l’Angleterre pour la possession du territoire nord-américain. Puis nous longeons la Baie des Chaleurs.

Le samedi 28 septembre, nous visitons la Distillerie des Marigots créée tout récemment et dirigée par un jeune entrepreneur. Nous dégustons des spiritueux artisanaux tels que le Gin Récifou ou le Gin aux fruits locaux. Notons que les appareils de distillation ainsi que les tonneaux en chêne proviennent de la région bordelaise.

A New Carlisle, nous visitons la maison natale de René Lévesque, ancien premier ministre du Québec et farouche défenseur de la francophonie, puis nous nous arrêtons pour le déjeuner et la visite du site historique du Banc-de-Paspébiac, grand centre de pêche à la morue à la fin du XIXe siècle et d’exportation vers l’Europe et l’Amérique du Sud. On y trouve un chantier naval et des installations de séchage et de conditionnement de ce poisson. Le soir, nous arrivons à Percé et découvrons le Rocher de Percé.  

Le lendemain, nous assistons à un splendide lever de soleil sur l’océan, entre le Rocher et l’Ile Bonaventure. Une croisière nous permettra de faire le tour du rocher et celui de l’île où niche une colonie unique de plus de 115’000 fous de Bassan. Certains participants sont montés sur l’île pour les approcher de très près.

Le lundi 30 septembre, nous sommes en route pour Gaspé, berceau du Canada. Nous nous arrêtons à l’endroit où Jacques Cartier a débarqué en 1534. Nous visitons ensuite le Musée de la Gaspésie et la Réserve faunique des Chic-Chocs dans laquelle un autochtone nous explique le mode de vie de la tribu dans les temps anciens. De Gaspé, nous remontons le Saint-Laurent jusqu’à Québec et Montréal.

Le lendemain, nous visitons le vignoble Carpinteri et la distillerie créés par un Toscan. Originalité : une partie des vignes est exploitée sous trois serres chauffées toute l’année. Nous avons dégusté des vins et des alcools – grappa, limoncello… – puis un excellent repas.

Le mercredi 2 octobre, le Saint-Laurent, large d’une trentaine de kilomètres, nous fait oublier qu’il est un fleuve ! Nous visitons le site historique maritime de la Pointe-au-Père qui englobe le phare, le sous-marin Onondaga, en cale sèche, autrefois au service de la marine canadienne et le Musée de l’Empress of Ireland, paquebot qui a été éperonné, le 29 mai 1914, en pleine nuit, dans le brouillard, par un cargo norvégien et qui a coulé, en quelques minutes, faisant plus de mille victimes. Depuis quelques années, des fouilles ont lieu et les découvertes y sont exposées.

Le lendemain, nous sommes en route pour Québec. Nous nous arrêtons à Saint-Jean-Port-Joli, au musée des Anciens Canadiens, le plus prestigieux musée de la sculpture sur bois en Amérique. Parvenus à Québec, nous effectuons un tour de ville en car.

Le vendredi 4 octobre, nous parcourons la vieille ville de Québec, à pied. Nous déjeunons à l’Hôtel-Musée des Premières Nations et visitons sa maison longue dans laquelle vivait la tribu.

Le lendemain, nous sommes en route pour Montréal. Nous faisons un arrêt à Saint-Sévère en Mauricie, au Domaine Gélinas dont le vignoble est divisé en quatre parcelles distinctes. L’une est dédiée aux vins de glace, une autre aux vins rouges, une troisième aux vins blancs et la plus ancienne aux activités de recherche et de développement (voir Vignolant 133 / septembre 2021). La cave est équipée de cuves originaires de France et d’appareils de distillation d’alcool de raisin (gin, vodka, grappa, brandy et ses liqueurs…). A noter que le Domaine possède 50 ha de terre cultivable pour les céréales et une parcelle où sont plantés 150 poiriers. Nous avons déjeuné sur place, sous tente, et apprécié un buffet exceptionnel avant de poursuivre notre voyage vers Montréal.  

Le dimanche 6 octobre, nous participons à la Frairie d’Automne et au déjeuner de l’Ambassade de la CV2N de Montréal, une journée particulière de retrouvailles avec nos amis canadiens. Nous avions déjà rencontré sept d’entre eux en 2007 et en 2016. Cette journée a été le point d’orgue de notre voyage exceptionnel dans la Belle Province. (Voir article de François Matthey-Jonais dans le Vignolant 146 / décembre 2024).

Notre voyage a été une réussite dans tous les domaines. Même la météo nous a gâtés puisqu’il a fait « grand beau » pendant vingt-et-un jours, à l’exception d’une matinée jusqu’à 11 heures et d’un demi après-midi. Les participants ont été toujours à l’heure et de bonne humeur, malgré quelques bobos.

Je pense que, pour nous tous, ce voyage a été une découverte extraordinaire, surtout au niveau de la nature. Pendant plus d’une semaine, nous avons été entourés par la forêt, avec quelques trouées ici et là où se nichaient les villes et les villages. Il est vrai que les réalités canadiennes sont à l’échelle des paysages : immenses. Tout est infini, illimité : la taille des fleuves, une nature grande et généreuse, la beauté de l’été indien, la proximité de l’océan qui pénètre partout le continent sous forme de fjords ou de baies. C’est pourquoi nous avons parcouru plus de 4’500 km. 

Pour terminer, j’adresse un immense merci à Harry Goetschi (Tours Chanteclerc et compagnon Vignolant CV2N de Montréal), à François Matthey-Jonais (Gouverneur de l’Ambassade de la CV2N de Montréal), à Alfred Zehr (Surintendant d’honneur de la CV2N), au guide, au chauffeur et à tous nos amis canadiens avec lesquels les échanges ont été riches et conviviaux. Et merci aussi à chaque participant pour l’amabilité et la bonne humeur qui ont régné durant 21 jours.

Post scriptum :
Le lundi 7 octobre, une délégation de six personnes, emmenée par Alfred Zehr s’est rendue à Blainville – unie à Neuchâtel par un pacte d’amitié – pour apporter les salutations de la Ville de Neuchâtel et procéder à l’intronisation de Blainville en qualité de « compagne d’honneur de la CV2N ».

Elle a été reçue par Madame le Maire et trois de ses adjoints qui lui ont décrit, en une heure, avec chaleur et enthousiasme, leur ville et leurs projets de développement.
Texte : Robert Goffinet

Une prolongation… les Chutes du Niagara :

Lundi 10 octobre : nous sommes treize à jouer les prolongations. Après avoir salué celles et ceux qui rentrent en Suisse, nous nous rendons à la gare de Montréal afin de prendre le train pour Toronto. Le poids de notre valise ne doit pas excéder 20 kg. Nous prenons le repas à bord, comme dans un avion. Le train ralentit à chaque croisement avec une route. Défile un paysage de plaine…

Nous sommes attendus à la sortie de la gare de Toronto. Une guide nous emmène faire un tour de ville, mélange de modernisme et de quartiers « vieille Angleterre ». Nous nous installons à l’hôtel. Certains visiteront ensuite le quartier chinois : d’autres rechercheront des commerces.

Mardi 11 octobre : nous partons, en bus, pour les Chutes du Niagara. C’est un long trajet. Le site offre un spectacle magnifique, impressionnant. Nous descendons pour prendre le bateau, équipés d’imperméables rouges. Nous naviguons jusqu’aux chutes : les embruns nous douchent copieusement. Retour sur la terre ferme en passant par le magasin de souvenirs…

Nous mangeons au sommet de l’hôtel Sheraton d’où nous jouissons d’une splendide vue plongeante sur les chutes. Nous rentrons par les bords de la rivière, visitons une « winery » très cossue et la petite ville de Niagara on the Lake dans laquelle nous flânons. Sur la route, nous subissons quelques ralentissements… Chacun-e termine la journée à sa guise.

Mercredi 12 octobre : nous nous arrêtons au Marché couvert de Toronto avant de déjeuner à la Tour CNN et de rejoindre l’aéroport.

Nous avons fait un beau voyage grâce à une guide et à un chauffeur très agréables.
Texte : Marie Vigneron

(*) Le poème d’Henry W. Longfellow: « Evangéline, un conte d’Arcadie », publié en 1847, raconte l’histoire d’un jeune couple acadien, Evangéline Bellefontaine et Gabrielle Lajeunesse, séparé par les événements de la Déportation. Evangéline, une femme fidèle et pieuse a juré de retrouver son grand amour mais elle est toujours deux pas derrière lui… Elle est devenue le symbole de la Déportation et de la persévérance du peuple acadien.

Article publié dans la revue « Le Vignolant » No 146, de décembre 2024.